Il y avait une forêt de cèdres 4 : Envol

Nous venons de passer un mois épuisant en Mauritanie, avec un trop-plein d'émotions et d'aventures, dont les conséquences se font ressentir sur tout l'équipe. En un mois, nous avons voulu apprivoiser tout un pays, ce qui est évidemment impossible. Nous n'avons même pas pris le temps de célébrer nos plus belles découvertes, ni de faire la paix avec nos déceptions, et notre équilibre a subi un tremblement de terre. En vue de la première du film d'Arthur, nous cherchons un endroit où nous (re)poser pour être en mesure de vivre ce grand moment tant attendu. Khadissatou, notre nouvelle amie de Dakar, arrive dans nos vies comme un ange gardien. Elle nous offre généreusement la possibilité de nous réfugier dans sa maison près de Dakar. C'est trop beau pour être vrai !

La première tâche d'Arthur est d'enregistrer son premier interview au sujet du film en vue de la première. Pour certains, cela peut paraître une affaire d'une demi-heure : on se connecte, on répond aux questions, et voilà ! Mais ça serait oublier qui est notre Arthur : un ado qui n'aime pas entendre sa voix, qui déteste être du mauvais côté de la caméra (devant ;-), et qui ne veut surtout pas se mettre en avant ! À chaque étape, de longues discussions vont l'aider à apprivoiser les nouvelles exigences de son cheminement et à accepter de faire des choses qui lui font franchement peur. Petit à petit, et suite aux échanges quotidiens avec maman et papa, il réussira à accepter les nouveaux défis et il trouvera la force dans le sens de ses actions : partager son inquiétude sur le sérieux du dérèglement climatique et l'urgence d'agir avec un support concret : son film.

Heureusement que Jean-Philippe réussit à mettre Arthur à l'aise et ensemble, ils enregistrent l'interview. Dans le semaines qui suivent, Arthur passe par toutes les couleurs : d'abord le choc de se voir et s'entendre parler... s'efforcer d'en voir le côté positif... se résoudre à la qualité des images (ce n'est pas un film où tout est beau)... repasser en détail chaque mot qu'il a dit et les émotions que cela lui fait vivre... entrevoir que ces paroles ne sont pas égocentriques, mais nécessaires pour montrer toute l'ampleur de son message... Finalement, nous finissons nous-mêmes le montage de l'interview pour qu'il puisse enfin être en paix avec le résultat. Il a eu besoin de temps, non pas pour paraître parfait ou pour tout contrôler, mais pour accepter son rôle et oser se montrer au monde entier tel qu'il est. Ce n'est pas rien !

Le 29 septembre, c'est la grande soirée du gala d'ouverture de Festiphoto de Rambouillet 2023, près de Paris. Un festival axé nature qui a pour slogan "Exposer pour préserver », l'occasion rêvée pour la première du premier court-métrage d'Arthur.. Jean-Philippe, l'organisateur de Festiphoto qui est devenu notre ami, est épaté par notre histoire et décide d'en faire la grande histoire de l'édition 2023 du festival. C'est incroyable. Le gala commence par des images des crises climatiques des actualités, avec la voix de Cailin récitant sa poésie « Mon avis sur la survie », suivi du film d'Arthur, un bout d'interview avec lui et une introduction de notre expédition familiale. L'effet est total. La génération future montre aux adultes quelle voie il faut prendre. Nous sommes émus d'avoir pu jouer un rôle si honorable, même à distance. Ça donne tellement du sens à nos actions, à notre vie inhabituelle. Cette nuit, nous avons levé nos gobelets en inox pour trinquer et célébrer. Reliés à la France et au monde, à partir de notre maison au Sénégal.

Le semaine d'après, au festival Montphoto près de Barcelone, les organisateurs décident, eux aussi, de projeter le film d'Arthur. Il y a gagné un des prix pour les moins de 15 ans (avec sa photo des singes) et dans un deuxième concours au sujet de « Changing planet » Cailin et Arthur ont à eux deux rapporté les 3 prix pour les moins de 18 ans. C'est dans le cadre de ce concours qu'ils sont ravis de pouvoir mettre en avant le film sur les cèdres.

Entre-temps, le film est sélectionné dans le plus grand festival de Belgique, le FINN (Festival International de la Nature de Namur), qui attire 35 000 visiteurs chaque année. Pas de catégorie enfants, mais Arthur réussit quand même à entrer dans la sélection des 15 meilleurs films finalistes (parmi 650 films soumis), qui ont ensuite été projetés au festival. Nous avons tous suivi en direct la soirée de gala et la cérémonie de remise des prix. C'était incroyable de voir tant de beaux films et de savoir que l'un d'entre eux avait été réalisé par Arthur. Pour Arthur, c'est le début de son grand rêve : que son film soit vu par le plus grand nombre possible de personnes afin que son message puisse voyager loin dans le monde !
Et puis, il y a eu la remise des prix ! La tension est à son comble. Suite aux films soumis cette année, les organisateurs ont créé un nouveau prix, le Prix Espoir, qui récompense les jeunes talents. Ils ont sorti le diplôme de l'enveloppe et dessus était écrit... Arthur :-))))

En cachette, Petr dépense 20€ pour envoyer le film d'Arthur à le concours BIG SYN à Londres, le plus grand festival de film sur le développement durable. Arthur n'aime pas dépenser de l'argent sur des concours, il fait très attention à l'argent. Mais Petr est un rêveur têtu et quand il a vu la récompense des gagnants... il s'est laissé séduire ;-) Les meilleurs films seront projetés sur l'écran extérieur de Picadilly Circus à Londres. Il le voit déjà dans sa tête : ce serait grandiose !!! Et la chance nous sourit : Arthur est parmi les finalistes !!!

Il faut savoir qu'il existent plein de festivals de film dans le monde, presque tous payants. Et nous n'avons pas de budget à y mettre. On a donc décidé de leur expliquer notre projet familial d'accompagnement de nos enfants pour la planète, avec la demande de recevoir le droit de participer gratuitement. Et ça marche chez certains ! Ainsi, le film d'Arthur augmente ses chances d'être vu, encore et encore.

Hier, Arthur a même reçu un email d'un festival en Moldavie, lui proposant une réduction du tarif d'inscription avec la demande des organisateurs de participer. Ils l'avaient trouvé sur Internet et ils l'ont contacté eux-mêmes ! Le lendemain, on a obtenu la gratuité totale. Que c'est enthousiasmant, motivant et gratifiant pour notre jeune passionné (et pour nous aussi) !